jeudi 29 décembre 2016

Lilly Morris

Bonjour !

J'avais commencé à écrire cette histoire il y a de nombreux mois, avant de me lancer dans Ruines. Et puis je l'ai abandonné, pour Alex et Max.
Ensuite, je ne l'ai pas repris car l'héroïne est journaliste, comme mon autre personnage de romans, Sun Bartas. Je ne voulais pas faire du réchauffé.
Mais, ici, les caractères sont différents, l'histoire aussi. Je me suis inspirée de fanfics que j'écrivais il y a quelques années pour écrire cette histoire. Je me suis fait plaisir en la reprenant et en la remaniant, alors, je vous la poste ici...
J'espère que ma fougueuse Lilly va vous plaire :)
Bonne lecture !


Résumé :

A vingt-cinq ans, Lilly Morris est reporter pour une grande chaîne d'actualité américaine. Mais elle est surtout la colocataire et la responsable de deux adolescentes de dix-sept ans, Lola et Alison.
Le jour où ses "petites soeurs" sont mêlées à une sombre affaire de  tueur en série, Lilly décide de plonger tête la première dans l'enquête qui concerne ses protégées. Même si cela doit la mettre en danger. Même si elle doit profondément agacer l'agent de police Michael Vennant... 


Chapitre 1



L’officier de police Michael Vennant frotta ses paumes gelées l’une contre l’autre, le menton levé vers le troisième étage de l’immeuble, où il devait se rendre. Quelques flocons de neige pleuvaient sur lui et parsemaient ses joues, sans qu’il y prête attention, occupé à observer les trois fenêtres allumées et décorées de quelques décorations de Noël. Malgré lui, il allait devoir hautement perturber des personnes qui n’attendaient que de la joie d’une telle période.
Il attendit que sa collègue ait claqué sa portière et arrive à son niveau afin de lâcher sa pensée :
— On devrait attendre que les fêtes soient terminées.
— Ordre du chef, Mike. Et puis, plus vite elles seront au courant, plus vite on pourra agir.
Même s’il détestait quand sa collègue avait raison – ce qui était toujours le cas —, il acquiesça d’une grimace puis se dirigea vers l’entrée du bâtiment, ses semelles crissant sur le tapis blanc. Une personne sortit de l’immeuble au moment où ils y arrivaient, leur permettant ainsi de rentrer sans avoir à se présenter via l’interphone. Ils grimpèrent dans l’ascenseur, dans lequel filtrait en sourdine une musique d’ambiance.
— Le vingt-quatre décembre… soupira une nouvelle fois Michael en d’adossant à la paroi de la cabine. On devrait être en train de préparer nos cadeaux, plutôt que de venir ennuyer ces gamines. J’ai acheté de superbes boîtes de pâté au thon pour mon chat, j’ai hâte de lui donner.
Il sourit en repensant à son animal, adopté l’an dernier dans un refuge après avoir été trouvé presque mourant, une patte en moins. Désormais, Blinis pesait presque six kilos et partageait avec lui des dizaines de pavés de saumon par an, leur repas préféré.
— Tu sais que tu es invité chez moi, répondit-elle délicatement.
Il releva le menton, comme si cette proposition était offensante. Elle l’était, d’ailleurs. Parce qu’elle cachait mal la pitié de sa collègue.
— Blinis et moi comptons passer un agréable moment devant un film, mais merci.
Le reste du trajet jusque l’appartement 312 se fit dans un silence devenu gêné. Un air de musique s’échappait dans le couloir. Michael laissa échapper une grimace en reconnaissant All I Want For Christmas Is You de Maria Carey. Maïa sourit, amusée.
— Ta chanson préférée, ironisa-t-elle.
— Plutôt me planter un couteau dans le ventre que d’écouter ça de ma propre volonté, rétorqua-t-il.
— Et tu as pensé à Blinis ?
— J’ai fait un testament, il hériterait de toute ma fortune.
— Un chat hériterait de ta fortune ?
— Ouais, mais je n’ai pas l’intention de mourir aujourd’hui. Ni demain. Ni après-demain. Ni dans un jour proche.
Maïa sourit en secouant ses longs cheveux bruns. Son partenaire fronça le nez comme pour lui indiquer ce qu’il pensait de son avis, et frappa à la porte, pressé de repousser cette discussion qu’il sentait venir. Un « j’arrive » retentit, suivi de bruits de pas. Une jeune femme vint leur ouvrir, la main gauche protégée par un gant de cuisine. Elle ouvrit de grands yeux en détaillant Michael et Maïa.
— Oui ? J’ai mis la musique trop fort ?
Michael sortit son badge et le lui tendit.
— Police de Providence, officiers Acolas et Vennant. Nous pouvons entrer quelques minutes ?
La jeune fille arrondit le regard et se décala pour les laisser passer. Michael et sa partenaire entrèrent en détaillant les lieux. Le salon, ouvert sur une petite cuisine, était illuminé grâce aux trois fenêtres de l’appartement que Michael avait vues du parking. Un sapin de Noël mangeait un coin de la pièce, et de multiples décorations roses et violettes retenaient l’attention, un peu partout. Une odeur délicieuse de sucre et de beurre lui mit l’eau à la bouche.
Les colocataires étaient prêtes à fêter Noël et il allait gâcher ça. Il masqua son trouble en analysant les traits de la jeune femme, cherchant son nom dans ses souvenirs. Il avait étudié le dossier en voiture, avant de venir, mais les trois prénoms se mélangeaient dans sa tête.
— Lola Baker ? tenta-t-il en replaçant son badge dans sa poche.
— Elle a fait quelque chose de mal ? grimaça son interlocutrice.
— Non.
— Alors, c’est moi.
Elle passa la main dans ses cheveux châtains, répandus dans son dos et retenus par une barrette à l’effigie du père Noël. Une autre jeune femme sortit d’un couloir, de multiples guirlandes bleues dans les mains.
— J’en ai trouvé d’autres et… oh ! Je n’avais pas vu qu’il y avait du monde ! Bonjour !
La nouvelle arrivante avait le même âge que la dénommée Lola, dix-sept ans, comme le lui avait appris son dossier. Ses cheveux roux encadraient son minois juvénile et accentuaient sa peau pâle et ses multiples taches de rousseur. Elle envoya un large sourire aux deux officiers de police en déposant les guirlandes sur la table.
— Vous avez senti l’odeur du gâteau, c’est ça ? Vous êtes les deuxièmes voisins à venir aujourd’hui, mais sachez que…
— Ils sont de la police, Alison, l’interrompit Lola.
La rouquine porta la main à sa bouche, son regard s’arrondissant sous la stupeur.
— Oh. On a fait quelque chose de mal ?
Michael secoua la tête et désigna son épais manteau. Après le temps glacial, la chaleur de l’appartement était étouffante. La sueur commençait à recouvrir son dos.
— Il fait très chaud, je peux…
Lola tendit les mains en acquiesçant.
— Bien sûr ! Donnez !
Il enleva son blouson, imité par Maïa. Lola leur désigna une chaise, Alison fila dans la cuisine après avoir piqué le gant de cuisine de l’autre jeune femme.
— Attendez-moi juste une seconde, je vais éteindre le four ! Je suis désolée de vous faire patienter, mais mes cookies risquent de brûler et ce serait vraiment dommage parce que je les ai cuisinés avec beaucoup beaucoup d’amour, et même encore plus que ça, alors vraiment, je ne voudrais pas qu’ils brûlent et donc, je vous demande quelques petites secondes et… ouch ouch, c’est chaud… et voilà, j’ai presque fini et donc…
— Mademoiselle Campbell… intervient Maïa après avoir échangé un regard avec son coéquipier, vous pouvez prendre votre temps pour sortir ces gâteaux…
— Et rester calme, ajouta Michael, nous ne sommes pas là pour vous arrêter.
Alison porta son index rouge à sa bouche, après avoir déposé sa plaque de cuisson sur le plan de travail. Elle émit un rire gêné en trottinant vers la table.
— Désolé, bafouilla-t-elle en s’asseyant.
— On vous écoute, maintenant, indiqua Lola. Pourquoi êtes-vous ici ?
— On nous a parlé de trois colocataires, Lola Baker, Alison Campbell et Lilly Morris. Où est la dernière ? demanda Michael.
— Ici.
La porte claqua derrière cette réponse, ne manquant pas de le faire sursauter. Il observa la nouvelle arrivante, qui ôtait son manteau de cuir rouge parsemé de neige pour le jeter sur le canapé. Il ne l’avait pas entendu arriver, malgré ses talons de plusieurs centimètres. Elle l’observait du même œil méfiant que lui.
— Nous sommes donc au complet, commenta Michael.
— Vous êtes surtout chez nous, rétorqua la nouvelle arrivante. Vous êtes ?
Michael s’occupa des présentations. Lilly ôta son écharpe et avança vers eux, se plaçant entre ses deux colocataires, mains sur le haut de leurs dossiers. Son regard lançait mille éclairs, à la surprise du policier.
— Je suis la seule personne majeure, dans cette pièce, et je vous demanderai donc de ne plus venir interroger mes colocataires quand je ne suis pas là.
— Qui vous a parlé d’interrogation ? répondit Michael sur le même ton acerbe.
— Vous avez un carnet dans les mains, ce n’est pas pour faire joli, officier.
— Effectivement, c’est plutôt pour prendre des notes sur des comportements tels que le vôtre.
— Du calme ! intervient Maïa en tendant les mains vers chacun d’eux. Michael, mademoiselle Morris, peut-on parler entre gens civilisés, s’il vous plait ?
Lilly émit une moue ennuyée, mais acquiesça. Elle avança jusqu’au frigo et attrapa une bouteille d’eau gazeuse, avant de se laisser tomber sur le siège vide, au côté des deux autres colocataires.
— Je vous écoute, dit-elle en retirant le bouchon de sa boisson.
Maïa se racla la gorge et interrogea son coéquipier du regard, avant de se lancer :
— Vous êtes peut-être au courant du décès de Carmen Maniz, à Détroit, hier soir ?
— Tout le monde en a parlé, opina Lola en fronçant le nez. C’était tellement horrible…
— Je déteste regarde les informations, ajouta Alison. Il y a tellement d’horreurs dans le monde, alors qu’on pourrait tous s’aimer et se tenir la main. Enfin, vous voyez… tout le monde me dit que je vis dans un monde de Bisounours, mais je crois tellement en l’amour et…
— Alison, mon chou, on a compris, l’interrompit doucement Lilly.
Elle darda son regard froid sur Michael. L’irritation piqueta la peau du policier.
— Pourquoi nous demander ça, à l’exception de nous gâcher Noël ?
Michael posa les coudes sur la table et joignit les mains devant lui. Il détestait déjà se réponse à venir, même si le comportement de Lilly Morris lui donnait envie de lui envoyer au visage la mauvaise nouvelle, juste afin qu’elle soit calmée. Vingt-cinq ans et déjà reporter pour une chaîne de télévision américaine. Le dossier n’avait pas menti, elle avait un caractère de feu, comme il pouvait le constater. Mais les deux autres étaient de simples adolescentes. Il lorgna tour à tour les trois colocataires, son visage s’assombrissant au fil des secondes.
— Quelque chose dans l’enquête pourrait nous faire penser que vous seriez concernées, toutes les trois.
— Qu’insinuez-vous ? gronda Lilly.
— Du calme. Je ne veux pas dire que vous êtes suspectes. Du moins, pas encore.
— Alors, qu’insinuez-vous ? répéta-t-elle.
Michael plongea la main dans sa poche et en sortit une pochette transparente, contenant un morceau de papier sur laquelle étaient tracés deux noms, au stylo bille. L’encre avait commencé à se diluer à cause de l’humidité qui imprégnait une partie du document, mais les noms étaient encore visibles : Baker et Campbell. Ils étaient suivis d’un smiley négatif.
— Ce papier était dans la paume de la victime. L’enquête nous a prouvé qu’il y a été placé suite à sa mort.
Il sonda les colocataires d’un regard lourd.
— Nous avons donc des raisons de penser que ce pourrait être un avertissement… que vous pourriez être en danger.
— En danger ? répéta Lola, plus pâle que jamais, tandis qu’Alison lâchait un petit cri et que la troisième recrachait à moitié son eau gazeuse.
— Oui. Le tueur pourrait s’en prendre à vous.
Il plongea son regard bleu dans celui, noisette, de la plus âgée des colocataires.
— Vous acceptez notre présence, désormais, mademoiselle Morris ?


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